L'écriture inclusive sans points médians, c'est facile :
6 autres solutions
Nous avons vu :
1) Pourquoi ajouter de l’écriture inclusive à un texte ?
Un texte sans, ou avec écriture inclusive, qu’est-ce que ça change ?
Quelle est la philosophie générale ?
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2) Un exemple de texte en écriture inclusive et sans points médians
Décryptage d’un texte, pour découvrir comment j’applique les techniques d’écriture inclusive pour un de mes clients.
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Maintenant que nous savons ce que cette méthode peut apporter à un texte, découvrons comment l'utiliser !
Saviez-vous qu’il existe plusieurs façons d’intégrer l’écriture inclusive à votre texte ? Je vous en présente 6, toutes conformes aux règles de la langue française.
Il y a forcément une solution adaptée pour que votre texte s’adresse aux femmes comme aux hommes :
Et, si vous souhaitez aller plus loin, vous saurez également comment utiliser ces 3 techniques :
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Ces outils sont à panacher, selon le sens de chaque phrase, voici un exemple. Pour vous aider à choisir la technique la plus pertinente pour votre texte, je leur ai attribué une note selon les critères de l'inclusion et de l'aspect pratique.
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Et, pour en savoir plus, vous pourrez retrouver les sources citées.
Attentive au confort des destinataires, je vous propose d’aller du plus fluide au moins habituel.
Avec, à chaque fois, une idée pour commencer vos e-mails !
1. Les mots épicènes
Un mot épicène est un mot neutre en genre, qui s’applique indifféremment à des femmes et à des hommes. Par exemple :
« un, une, des fidèles » (au lieu de « des croyants »),
« un, une, des destinataires » (au lieu de « des interlocuteurs »).
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Ça peut être des noms ou des adjectifs :
« un, une, des jeunes Belges »,
« un, une, des scientifiques russes ».
Note en inclusion : 4/5. Très utile lorsque c’est possible, et lorsqu’on ne veut pas souligner qu’il s’agit de femmes et d’hommes.
Note de l’aspect pratique : 5/5. En rédigeant, vous avez fait l’effort de chercher le bon terme épicène, mais ça ne se remarque pas à la lecture !
2. Les formules englobantes
Une formule englobante est un terme qui renvoie à un collectif (le secteur agricole, la population parisienne, l’équipe commerciale) ou à une fonction (la direction, le César de la meilleure réalisation).
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Note en inclusion : 2/5. C’est un peu le « super-neutre » de l’écriture inclusive. Le terme ne renvoie pas uniquement aux hommes, mais, d'un autre côté, il faut imaginer que des personnes sont concernées.
Note de l’aspect pratique : 5/5. Une formule qui ne gêne pas la lecture.
3. La féminisation des noms
C’est à la fois un retour aux racines historiques du français, et une possibilité de création, de construction de notre langue.
Ainsi, à l’occasion de la Coupe du monde féminine de football de 2019, plusieurs médias se sont interrogés sur le vocabulaire adéquat, lire par exemple : «Gardienne», «buteuse», «entraîneure» : comment «Libé» a décidé de parler de la Coupe du monde féminine.
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Afin de respecter les intéressées, par exemple dans un article concernant des femmes nommées, il est souhaitable d’utiliser le terme sous lequel elles se reconnaissent. Ainsi, si l’interlocutrice dit « je suis écrivain », il est recommandé d’utiliser cette forme, et non d’appliquer la forme féminine.
Par exemple, dans une mission de correction de texte, j’ai vu la phrase suivante : « Stéphanie Le Quellec est une jeune chef française qui a participé en 2011 à l'émission Top Chef. »
J’étais très tentée d’écrire « une jeune cheffe française ». Mais, s’agissant d’une personne nommée, le mieux est de vérifier comment Stéphanie Le Quellec se désigne. J’ai donc consulté le site de son restaurant, qui utilise « chef ».
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Quelques règles générales :
À partir du masculin : doublement de la consonne+e :
pharmacien+ne = pharmacienne
Le nom masculin en –eur devient –euse s’il existe un participe présent de même radical :
coiffeur → coiffant → coiffeuse
entrepreneur → entreprenant → entrepreneuse
Le nom masculin en –teur devient –trice s’il n’existe pas un participe présent de même radical :
rédacteur → rédigeant → rédactrice
correcteur → corrigeant → correctrice
auteur → pas de verbe → autrice
… Mais la langue française connaît plein d’autres possibilités, et des cas particuliers consacrés par l’usage. En plus d’une recherche dans le guide pratique Pour une communication publique sans stéréotype de sexe et Femme, j’écris ton nom, vous pouvez vous reporter aux dictionnaires en ligne habituels.
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Note en inclusion : 5/5.
Note de l’aspect pratique : 4/5. Certains termes sont historiques, mais leur usage s’était perdu (autrice), d’autres sont des néologismes (officière) : dans un cas comme dans l’autre, les habitudes sont modifiées.
4. La double flexion
Si nous utilisons la féminisation des noms, et que les sujets sont des femmes et des hommes, nous allons recourir à la double flexion, également appelée "doublet" :
Comme monsieur Jourdain, nous faisons tous et toutes des doubles flexions sans le savoir !
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Quand je pense double flexion, je pense à cette publicité :
En fait, il y a souvent une solution pour utiliser la double flexion !
Mais alors, dans quel ordre faire la double flexion ? Les spécialistes de l’écriture inclusive recommandent de laisser faire le hasard, en classant les mots par ordre alphabétique lorsqu’un féminin et un masculin se succèdent, donc :
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un féminin et un masculin,
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le secrétariat d’ État chargé de l’ Égalité entre les femmes et les hommes,
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les électeurs et les électrices.
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Et, avec un classement alphabétique, le résultat sera peut-être différent au singulier et au pluriel :
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un lycéen et une lycéenne,
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des lycéennes et des lycéens.
Note en inclusion : 5/5. Les femmes sont visibles !
Note de l’aspect pratique : 2/5. « Une fois, ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes… ». Je propose souvent, dans un paragraphe, d’utiliser la double flexion à la première apparition du terme, puis, s’il n’y a pas d’autre solution, uniquement un des deux genres.
Par exemple : « Les infirmières et les infirmiers… Les infirmières… Les infirmières… »
Besoin de combiner un mot épicène avec la double flexion ? Il est peut-être possible de passer au pluriel : « Vous pourrez rencontrer un ou une juriste. » → « Vous pourrez rencontrer des juristes. »
5. L’alternance
Lorsque plusieurs professions sont citées, il est possible de suggérer que, dans leur ensemble, elles sont exercées aussi bien par des femmes que par des hommes.
Par exemple : « médecin, chirurgienne, infirmier, brancardière »
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Dans une mission de correction de texte, j’ai trouvé : « les acteurs du monde médiatique, les utilisateurs, les consommateurs, et les influenceurs ». Pour cette mission, je n’avais pas d’objectif d’écriture inclusive, et la phrase était correcte, je ne l’ai donc pas modifiée.
Mais j’aurais pu faire la proposition suivante :
« les acteurs du monde médiatique, les utilisatrices, les consommateurs, et les influenceuses »
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Note en inclusion : 5/5. Mais il ne faudrait pas que, en laissant jouer le hasard, une profession se trouve assignée à un sexe (chirurgien, infirmière).
Note de l’aspect pratique : 3/5. Les lecteurs et lectrices doivent s’habituer à ne pas interpréter cette alternance au premier degré (« Dans cet hôpital, il n’y aurait que des chirurgiennes et des infirmiers ? »). Chiche ?
6. Les reformulations
Réécrivons le texte, pour contourner l’obstacle !
« Certains ajoutent des épices avant la cuisson. » devient « Il est possible d’ajouter des épices avant la cuisson. ».
« Vous êtes déjà client ? Connectez-vous ! » devient : « Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ! » (suggéré par Nicolas Mantran).
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Note en inclusion : 2/5. Comme pour les formules englobantes, le résultat est « super-neutre ».
Note de l’aspect pratique : 5/5. Une formule qui ne gêne pas la lecture.
Alors, que penser des 6 outils d'écriture inclusive ci-dessus ?
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En novembre 2017, le média en ligne Slate.fr s’est engagé sur la voie de l’écriture inclusive, en utilisant les différents outils ci-dessus, mais en excluant le point médian, trop contesté à l’époque.
Vous avez donc pu, pendant de nombreux mois, lire des textes en écriture inclusive sans vous en rendre compte !
Slate.fr a fait un point d’étape en janvier 2019, 14 mois plus tard. Je vous en recommande la lecture.
Depuis, Slate.fr a également introduit un usage très modéré du point médian. Voici pour moi le moment d’en parler.
D’autres outils qui dérogent aux règles de la langue française
7. Parlons du point médian
C’est un outil qui a du mal à entrer dans les mœurs…
Comment l’obtenir ?
Selon votre ordinateur, le symbole peut exister, ou bien vous pouvez créer un raccourci clavier.
Pour ma part, ayant reçu un document Word avec points médians, j'ai fait un copier-coller des points médians dans un document Word de référence. Je peux maintenant y trouver un point médian, pour le copier-coller dans un nouveau document.
Depuis, j’ai téléchargé sur mon PC le clavier facilitant l'écriture inclusive créé par l’agence Mots-Clés (dans l'article Comment faire un point médian sur votre ordinateur ?, cliquer sur « clavier configuré par Mots-Clés »). Très simple à utiliser, une fois installé !
L'agence Mots-Clés nous explique également comment faire apparaître un point médian sur un iPhone.
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Comment utiliser le point médian ?
En composant le mot comme suit :
racine du mot + suffixe masculin + point + suffixe féminin (éventuellement la marque du pluriel est liée)… ouf !
Ex. : les citoyen·nes
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Vous vous souvenez que les pratiques d’écriture inclusive sont en constante évolution ? C’est tellement rapide que, par souci de simplification, en 2019 on n’utilise plus le point médian comme en 2017 !
Pour quels suffixes féminins ?
L’agence Mots-Clés, spécialiste de l'écriture inclusive, préconise de faire un usage raisonné du point médian : uniquement lorsque, pour la forme féminine, on ajoute un E (étudiant·e) ou un doublement de syllabe et un E (lycéen·ne).
L’agence Mots-Clés n'utilisera donc pas le point médian dans les cas suivants, mais aura recours à une autre solution, par exemple la double flexion :
- suffixes féminins en -rice : ne plus écrire « un·e directeur·rice », mais « un directeur ou une directrice »
- suffixes féminins en -euse : ne plus écrire « un·e footballeur·euse », mais « un footballeur ou une footballeuse ».
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Et au pluriel ?
« technicien·ne·s » en 2017, « technicien·nes » en 2019 : maintenant, on utilise un seul point médian avant la marque du féminin et du pluriel.
Et les autres signes ?
Comme le point médian est parfois techniquement difficile à obtenir selon le logiciel utilisé, le point ordinaire est une solution : un·e président.e
Le féminin entre parenthèses est également utilisé, ce qui donne : un(e) technicien(ne)
Mais mettre les femmes entre parenthèses… est-ce bien respectueux ? Le message est plutôt « Nous recrutons un homme, éventuellement une femme ». C’est bien d’avoir envisagé qu’une femme puisse être concernée, c’est encore mieux si elle est présentée à égalité avec un homme !
Mes client·es l’ont vu, en tant que correctrice professionnelle, lorsque je vois un féminin mis entre parenthèses, je fais toujours une autre proposition en commentaire !
Par exemple, lorsque j’ai trouvé « des cadeaux pour votre conjoint(e) », j’ai écrit en commentaire :
« Pour ne pas mettre le féminin entre parenthèses, il est possible d’utiliser un point médian :
conjoint·e
ou bien d’utiliser un mot neutre : votre moitié »
Certain·es utilisent le tiret, par exemple : un délégué-e.
Des propositions d’accords différents :
En s’éloignant des règles de la grammaire française, certain·es spécialistes proposent (voir Éliane Viennot) :
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8. L’accord de proximité
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C’est le dernier qui a parlé qui a raison :
« Les directeurs et les directrices sont prêtes à intervenir. »
9. L'accord de majorité
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« Mes quatre sœurs, mes cousines et mon frère sont impatientes de vous rencontrer. »
En tant que correctrice professionnelle, je suis liée par la grammaire, et la règle de la prépondérance du masculin. Je n'applique donc pas les accords de proximité ou de majorité.
Mais, dans mes écrits privés, je prends des libertés, notamment en appliquant un accord de majorité au féminin lorsqu’un groupe est majoritairement composé de femmes, ou un accord de proximité.
Manipulons les mots, tournons les phrases différemment ! En gardant plusieurs objectifs :
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le sens de la phrase initiale
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la fluidité du texte : en utilisant la féminisation des noms dès que possible, la double flexion par touches, et le point médian si le lectorat s’y prête.
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Vous voulez en savoir plus ?
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Voici :
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4) Où trouver des exemples et des recommandations ?
Les propositions en ligne de plusieurs organismes officiels et spécialistes.
Vous voulez que j’applique des outils d’écriture inclusive à votre texte ?
Parlez-moi de votre projet, et je vous proposerai des solutions adaptées !